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JASON Kreyasyon
8 novembre 2013

Discours du Directeur Exécutif de l’Association Citoyens Sans Frontières à l’occasion du lancement de l’ODGRDH

Version finale de logo ODGRDH
ODGRDH
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Autocollant
CSF logo

Mesdames, Messieurs les Elus et Décideurs nationaux,

Mesdames, Messieurs les Elus locaux et territoriaux de 2007,

Mesdames, Messieurs les Représentants des Institutions nationales oeuvrant dans les domaines du droit citoyen, du genre, du développement durable et de l’ingénierie sociale,

Mesdames, Messieurs les Représentants des pays et des Institutions internationales accrédités en Haïti,

Mesdames et Messieurs qui participez au lancement de cette nouvelle structure,

Distingués invités en vos titres et qualités,

Chers Amis,

Je me réjouis de vous accueillir au nom de l’Association Citoyens Sans Frontières et de prononcer les mots d'introduction pour le lancement de l’Observatoire de la Décentralisation, de la Gestion des Risques et Désastres en Haïti (ODGRDH). En cette occasion, je voudrais vous présenter, aux chercheurs à mes cotés qui vont vous entretenir de ces thématiques cruciales, celles de la décentralisation et de la gestion des risques et désastres, à tous ceux qui ont aidé à rendre possible cette démarche, aux organisateurs, membres de l’Association mes plus vifs remerciements pour les efforts déployés afin de réunir les conditions d’un tel événement.

J’ai porté l'idée de cette manifestation pendant plus d’une année juste après la fin de ma mandature en tant que Maire de Port-au-Prince et mon élection en tant que Directeur Exécutif de l’Association. Elle part de la nécessité d'un espace pour les Promoteurs et Agents du changement en Haïti : un lieu d'échanges, de discussions et d'initiatives pouvant rassembler toutes celles et tous ceux qui oeuvrent dans notre pays et dans le monde avec l'inspiration qu’ils sont un des maillons de la chaine de la construction de cette Autre Haïti Possible, de cet Autre monde possible. Une démarche passant par l’ouverture d’un chemin nous démarquant de ce pays qui doute, qui s'interroge, qui se replie parce que faisant face à toutes sortes de risques et de désastres.

La fin des années 1990 a mis en évidence nos errements en matière de prévention des catastrophes par les dégâts causés dans nos villes et campagnes par les cyclones, ondes tropicales, tempêtes, glissements de terrain, inondations et crises politiques – le début des années 2000 avec le tremblement de terre du 12 janvier 2010 et l’Epidémie du choléra en octobre 2010, nous a aussi montré que le défi est là, devant nous, arrogant et tenace : la définition d’une nouvelle gouvernance des crises, d’une nouvelle gouvernance des risques et désastres existants et émergents dans ce pays. J’ai bien dit une nouvelle gouvernance parce qu’il faut le reconnaitre, des efforts énormes ont été consentis par des acteurs sur le terrain (les services compétents du pouvoir central et des institutions internationales accréditées en Haïti).

Nous sommes convaincu qu’il faut penser à sortir du centralisme et de la centralisation pour faire de vraies places aux structures les plus près des populations car tous ces événements rendent encore plus aiguë la prise de conscience de la nécessité qui s’impose pour les responsables et les populations de s’entourer de toutes les garanties propres à prévenir le risque ou à mieux gérer le désastre de manière à essayer de limiter l’ampleur de ses conséquences. Quelles seraient, par exemple, les conséquences d’un séisme dans la situation idéale où les constructions seraient toutes parasismiques et où les populations auraient une culture de sécurité telle qu’elles connaîtraient les consignes de sécurité et sauraient les appliquer en situation d’urgence ? Certainement, infiniment moins graves que ce que nous constatons actuellement.

En effet, l’Association Citoyens Sans Frontières a choisi en lançant l’ODRGDH de faire l'Histoire en proposant aux Acteurs du système d’ouvrir un nouveau temps en faisant une place réelle dans leurs politiques aux Elus locaux et territoriaux. Nous n'avons pas d'autre choix que d'inventer le monde que nous voulons tout en prenant les décisions pour corriger et écarter les excès et les erreurs du passé. C'est le sens de l'action que l’Association conduit depuis le 21 août 2002. La Constitution de 1987 nous dit qu’Haïti sera décentralisée ou ne sera plus. C'est le moment de nous engager dans des transitions : transition d’approche, transition organisationnelle, transition écologique, transition dans le savoir-faire et le savoir être aussi. L'enjeu pour la CSF est ni plus, ni moins de s'insérer pleinement dans la dynamique de modifier le dispositif existant. Car, face à ces risques divers dits « majeurs », aux conséquences juridiques souvent mal connues, en raison justement de la multitude des textes à laquelle s’ajoute le caractère quelque fois mal défini de la répartition des compétences entre l’Etat et les collectivités locales et territoriales, la situation demeure difficile. C’est pour cela que la gestion des risques doit devenir une priorité locale fondée sur un engagement politique clair, basé essentiellement sur la mobilisation des différentes institutions nationales concernées, doit faire preuve d’une bonne gouvernance, et être intégrée dans la planification des politiques publiques et dans tout projet de développement socio-économique.

Dans ce cadre et de façon tout à fait originale au sein de notre Association, en 2012 des réflexions ont été menées pour trouver un moyen efficace de sensibiliser les Elus locaux et territoriaux sur les problèmes de prévention des risques et sur la manière la plus utile de leur fournir tous les éléments qui ne leur sont pas forcément familiers sur la nature des risques, les moyens de les prévenir, leurs obligations et leurs responsabilités en la matière, ainsi que sur les consignes de sécurité à diffuser auprès de leurs administrés. C’est ainsi que très prochainement, les 140 communes et 570 sections communales d’Haïti seront destinataires d’un document, voulu le plus exhaustif et le plus précis possible sur le rôle des élus locaux et territoriaux en matière de prévention des risques et désastres. Consciente de ce besoin, la Direction Exécutive de l’ODRGDH, l’organe en la matière de la CSF, est prête à apporter son concours et exprime la volonté de voir se manifester une « culture de sécurité » chez ces élus laquelle se traduira par une mission de coordination qui se préoccupera, entre autre, de favoriser l’information préventive des populations sur les risques et désastres.

La loi résout le problème du QUI FAIT QUOI donc que nous reste-t-il à faire ? Comprendre que les activités liées à la réduction des risques et des catastrophes « naturels » couvrent par ailleurs un champ extrêmement large allant des activités de détection et de prévision à la construction d’ouvrages techniques, des mesures législatives aux activités d'information et aux campagnes de sensibilisation. Donc, elles sont liées au renforcement des collectivités locales et territoriales. Une démarche devant :

1) Repenser les outils juridiques de gestion des aléas naturels dans une société faible pour nous sortir des sentiers battus par une meilleure coordination pour une meilleure prévention.

2) Aider à : -l’insertion du sous-budget de la prévention, de la gestion des risques et désastres dans le budget de la commune et de la section communale ; -la création de Comités pour l’Information sur les Risques dans les villes et communes d’Haïti en particulier en milieu scolaire ; -la rédaction des lois y relatives et veiller à leur application par exemple : -la conception et la vulgarisation des Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT), Plan d’occupation de sol (POS), Plan Directeur Territorial (PDT), Plan Local d’Urbanisme (PLU), Schéma Réglementaire d’Information Préventive (SRIP), Plan de Sauvegarde Communal (PCS) etc…; -l’introduction d’un Système d’Alerte Précoce (SAP) en Haïti plus dynamique comme le recommande le Cadre d’action de Hyogo 2005-2015 intitulé “Renforcement de la résilience des nations et des communautés face aux catastrophes” devant aider à mieux cerner « la réalité du terrain et des pratiques locales ». On mettrait l’accent sur des critères technologiques mais développerait une vision orientée vers les « usagers », en prenant en compte les connaissances locales ou en s'appuyant sur les réseaux sociaux « non formels ».

IL FAUT FORMER, INFORMER, IMPLIQUER LES CONCERNES MAIS AUSSI APPRENDRE D’EUX. Au sein de l’ODGRDH, nous pensons qu’il serait moins onéreux d’investir dans des opérations visant à prévenir les événements ou du moins à diminuer leurs conséquences, que de devoir financer des opérations de secours et de reconstruction. Le parti pris pour la décentralisation nous fournira les outils aidant à remettre en question les schémas de développement, à souligner les « causes profondes » des catastrophes et à faire nôtres les bonnes pratiques. Donc, L’ODGRDH est un centre-ressource sur la préven- tion des risques technologiques majeurs, qu’il s’agisse d’informations techniques ou juridiques qui propose de mettre ses moyens au service des acteurs principaux (les Elus locaux et territoriaux) pour cette guerre destinée à sauver des vies.

Permettez, chers invités, que j’insiste sur quelques incontournables de l’Action de l’ODGRDH : -Le Plaidoyer pour la préparation d’une stratégie globale et intégrée pour la prévention, la gestion et la réduction des risques; -La recherche incessante de l’implication de l’Université d’Etat; -La mise en perspective de la pertinence de l’intercommunalité dans la gestion des risques et désastres; -Le travail de modélisation devant permettre de développer les cartes des risques de chaque commune, de simuler des catastrophes et de déterminer avec assez de précision le degré d’exposition des secteurs. Il permettra aussi d’élaborer des scénarii de prévention, leur coût et leur retour sur investissement. C’est donc vers un ensemble de tâches et de pistes non exploités que nous nous dirigerons pour éviter toute duplication et toute tension.

Mesdames, Messieurs, “Investir pour des lendemains plus sûrs. Plus d'investissements dans l'action locale” était le titre de la troisième session de la Plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe et de la Conférence Mondiale pour la Reconstruction tenue à Genève, Suisse du 8 au 13 mai 2011. Lors de son discours inaugural, le Secrétaire général des Nations Unies appelait à “élargir la coalition en faveur de l'action pour la prévention des catastrophes. En effet, celle-ci est l'affaire de tous.” Plus loin, il dit que : “ La présence sans précédent, ici, à cette Plate-forme, de maires et autres dirigeants locaux, de parlementaires, de représentants de la société civile et du secteur privé, et de responsables politiques me conforte dans cette idée.” Pour conclure, il nous demanda de: “ Travailler ensemble pour créer des collectivités résilientes “. Notre Association y souscrit et croit que c'est une base solide sur laquelle nous pouvons bâtir.

Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je voulais vous dire pour introduire la démarche de ce matin. L’ODGRDH donnera l’exemple en aidant à préparer la transition, de passer d'un monde à l'autre, d'être des intermédiaires, des liens entre les individus, les territoires, les générations et même les catégories sociales. Elle se constituera en espace pour partager nos expériences et apprendre les uns des autres, mais aussi pour convenir de la manière dont nous devons travailler ensemble plus efficacement pour répondre aux besoins grandissants en matière de réduction des risques et de développement d'un cadre pour la reconstruction d’Haïti et le relèvement après les désastres. Les seules questions qui vaillent sont de savoir comment nous pouvons agir ensemble ? Qu'est-ce qui a manqué aux acteurs de la résilience en Haïti? Un cadre de travail adéquat ? Sans doute, mais surtout une nouvelle doctrine pour maitriser le destin collectif : la décentralisation.

Merci de votre attention.

 

Muscadin Jean-Yves Jason

Directeur Executif de la CSF

7 novembre 2013

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Commentaires
F
Monsieur le Directeur Executif!<br /> <br /> <br /> <br /> Vos asprations ideologiques, exprimees dans votre adresse, divulguent avec clarte vos inspirations geniales pour une Haiti meilleure, puissante et capable de se suporter dans les calamites et catastrophes naturelles dont nous aurons a confronter eventuellement.<br /> <br /> <br /> <br /> Que vos collegues et associes partagent les memes sentiments pour parvenir a ce glorieux objectif. Ce sera une autre epopee nationale.<br /> <br /> Du succes dans vos demarches.
JASON Kreyasyon
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